Les heures interminables de ce Monde sont lassantes. Il n'y a d'ailleurs plus de temps. Les paysages se ressemblent tous. Toujours ces dunes, ces gens de sable. Qui se déplacent morceau par morceau dans cet océan irritant. Cette sensation plus que terrible... Ce vide.
A
la fois morne et silencieux, cet espace, donne l'impression d’être un
roi, un Dieu. Mes pas soulèvent la poussière. Mes muscles affaiblis
sont devenus de roc. J'étais cette ombre seule, gardienne d'un
secret, d'un désert. Je cherchais en vain, quelque chose que
j'ignorais. Cependant, j'avais la notion et le sentiment d'avoir
oublié une seule chose dans le Monde vivant.
Je
ne savais plus quoi faire pour pouvoir à nouveau toucher
cette réminiscence. Qu'avais-je pû laisser derrière moi ? Des
êtres, des pensées, des objets. J'étais cette solitude terrible,
qui vous accable lorsque votre espoir tombe et que votre souffle se
perd.
Etre
seul... L'indice était ici. Si j'errais ici sans personne. C'est que
quelqu'un m'avait un jour accompagné sur un chemin. Qui cela pouvait
il être ? Un fantôme, non. Un rêve, non plus. Et c'est
lorsque le mot rêve traversa mon esprit, que je sentis mes ailes
noires s'étendre derrière moi. Elles venaient de s'illuminer de
pierres précieuses noires. Une présence étrange bouleversa ce
calme sinistre.
Elle
apparut devant moi. Grande, mince. Une paire d'ailes sombres comme le
ciel d'une nuit morne balayait le sable derrière elle. Son visage
était orné d'un sourire narquois. Une chevelure blonde et teintée
de noire flottait au vent. Ses yeux étaient de couleur ébène. Son
corps était voilé d'une robe noire. Son regard face au mien. Qui
était-elle.
"
Tu me connais, tu me connaissais, tu m'as toujours connu. Je suis ta
Colère affamée, ta Lucidité maladroite, ton Amour éternel, ton
Ironie malsaine, ton Ressenti passionné et ton Éternel bonheur.
Pourquoi m'avais-tu oublié ?"
Je
ne savais quoi répondre. Son visage me paraissait si familier. Sa
voix si désarmante. Et si était-elle, celle sans qui je me sens
seul, celle sans qui ce désert était glacial ? Sa silhouette, je
pouvais la décrire dans les moindres détails, même voilée
par une trop large tenue... Le ciel nuageux se trouait. Des
éclairs d'or frappaient le sable.
Sa
main se tendit. " A jamais, jure-le."
" Je
le Jure, toi, mon Etre..."
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