lundi 30 avril 2012

Un océan de lumière...


 J'avais sous mes yeux, une marche silencieuse. J'étais allongé sur cette étoile, et plongeais mon regard vers ce ruisseau lumineux. Il n'y avait aucun bruit près de moi, juste un ciel noir m'enveloppant, serti d'éclats brillants.


 Le rêve s'animait devant moi. Mon regard était ébahi par cette vue scintillante. Je plongeais mes doigts, dans cet écoulement d'étoiles. Mes doigts les saisissaient, je les extrayais de l'eau et les gardais dans mes mains. Cette voie lactée, était imprégnée d'une magie, je le sentais. Cet enchantement, qui, me faisait imaginer des espaces infinis et illuminés de joyaux brillants. Une plénitude réconfortante, vers laquelle on peut toujours se tourner. Son silence est là pour nous entendre, son éclat est présent pour nous donner envie de rêver.

 Les voix innombrables des étoiles qui composaient cette mélodie astrale, résonnaient dans la nuit noire. C'était un écho qui se déplaçait, au gré des comètes et des nébuleuses multicolores. Plonger mon regard dans cette flaque gigantesque de toutes les couleurs, transformait mes iris en des joyaux, et si je saisissais une plume à cet instant, je pouvais dessiner les étoiles sur ma planète.

 La chaleur et le bonheur chevauchaient les étoiles filantes, traversant ces différentes épaisseurs du vide. De par leur course effrenée, elles donnaient aux Hommes, l'impression d'être divines, et pouvant exaucer leurs souhaits. C'était cette magie là, celle du rêve qu'elle éveillait dans nos âmes et dans nos coeurs. Moi qui les touchais et les déplaçais tous les jours, à qui je devais surement ma naissance, je comprenais ce que ressentaient les humains. Cette voie lactée, ces étoiles, sont le rêve en personne.

 Elles brillent dans nos yeux, elles bercent notre sommeil et réveillent notre imagination. Elles sont comme un bol de lait qui rend nos céréales douces, comme un champs de fleurs intouchables, qui nous donnent toujours envie d'aller les voir de plus près. Elles éveillent notre obstination, et notre désir d'aller nager près d'elles.

 Cette voie lactée éclaire mes yeux, et nourrit mes idées... Je voudrais que cette source de rêve, jamais ne se tarisse...


dimanche 29 avril 2012

La naissance de l'Ombre.


 Je ne saurais dire quelle mélodie ce soir-là attira mon oreille. Mais une tristesse m'envahissait alors qu'une ombre grandissait.


  Le ciel s'était vidé de toutes étoiles. Les nuages d'ombre ternissaient le ciel nocturne, d'un hiver rude. Une fumée très légère apparaissait par moment le long d'un chemin de terre battue. On entendait par ci et par là des cailloux rebondirent les uns sur les autres. Un chant joyeux, rompait le silence glacial de cette nuit blême. Un jeune garçon avançait dans la pénombre. Ses yeux pétillaient d'un éclat astral. Il chantonnait. Parfois, il se baissait pour refaire ses lacets, qu'il négligeait. Il ne lassait ses chaussures que pour que cela ne tienne que quelques mètres. Il pouvait ainsi, à chaque fois qu'il se pliait, chercher des cailloux brillants sur ce sol terne. Il en emplissait ses poches, cousues et décousues par l'usure. Un crépitement s'entendait lorsqu'une petite pierre en rencontrait une autre. Il sautillait joyeusement.
 Sa vie, n'était qu'une suite de journées toutes plus maussades les unes que les autres. Il avait grandi sur ce chemin de terre blanche, qui l'emmenait depuis ses quatre ans à l'usine. Sa voix douce, innocente, faisait sourire la Lune, qui lui éclairait alors la voie pour rentrer chez lui.

 Ce jeune enfant prenait son temps, parfois, il s’arrêtait parfois pour défaire les noeuds de ses lacets et ainsi se posait sur le bord du sentier. Il levait alors les yeux, et souriait à l'astre de la Nuit, qu'il prenait pour sa mère. Les étoiles étaient trop petites pour lui. Il ne souhaitait contemplait que celle qui illuminait sa marche. Et lorsque que son sourire se voilait, il pensait à sa maison. Il savait ce qu'il s'y passerait. Son père était un ancien militaire. Violent, de mauvaise humeur, un odieux personnage. Les joues roses du garçon, pleuraient encore des gifles qu'elles avaient subi la veille. Sa mère dépressive, ne pensait plus à ce qui l'entourait, elle vivait, mais le garçon se doutait qu'il ne parlerait plus jamais avec elle. Quelque part, une fleur commençait à se faner sous la lumière de la Lune.

 Alors que ses souliers durs résonnaient sur le chemin, le garçon apercevait, par delà ses rêves, au dessus de ses craintes, le bâtiment qui abritait sa douleur. Il marchait de moins en moins vite, puis arriva aux marches en pierre au pied du seuil de la porte. Son deuil commençait, sa gorge se nouait. La vieille planche de bois massive grinçait, comme si elle gardait un danger, celui qui hante les donjons, qui ternit le courage et la témérité. Ses mains frêles fermaient lentement la porte. Il défaisait ses lacets nerveusement. Il se glissait comme une ombre entre chaque pièce, se cachant derrière les meubles. Il atteignait l'évier. Tirant sans bruit un tabouret de dessous, il se hissait face au robinet. L'eau chaude, réconfortante coulait sur ses doigts. Il saisit le savon. Ce petit cube merveilleux, qui, lorsque'il est frotté, libère des petites bulles parfumant l'air. Toujours nerveusement, il ne cesse de remuer cette pièce blanche entre ses mains. Ce bloc de savon lui fait penser aux fleurs qui ne poussent que la nuit et dans lesquelles il aime tant s'étendre. Il est émerveillé. Derrière son dos, loin de son plaisir moussant, un serpent se dresse.

 Un pied heurte son tabouret, et l'enfant trébuche, le savon glisse de ses mains et décolle dans un coin de la pièce. Une forte poigne lui saisit les cheveux. C'était lui. Le garçon le savait. Cet homme sombre. Il essaye de se débattre pour glisser des doigts de son prédateur. La main résiste. Une voix furieuse résonne dans ses oreilles. Une gifle l'étourdit, il tombe au sol. Comme un faible animal blessé, il rampe et cherche tant bien que mal à s'enfuir. Sa tête s'écrase à nouveau par terre. Le savon, non loin de lui, a laissé derrière sa chute une traînée de mousse, il trempe ses doigts dedans. Les larmes emplissent ses yeux bleus. Il finit par échapper à l'étreinte du reptile et court se cacher dans sa chambre. Dans un désert naissant, une fleur éclatante agonise.

 Se réfugiant dans son lit, il prie, laisse les larmes couler. Il sent une main de fer, le sortir des profondeurs duveteuses. Le petit garçon gesticule, et saisit les petits cailloux qu'il avait ramassé pour les jeter dans les yeux de cet homme. Il projette ce ferment, qu'il avait depuis si longtemps pour les pierres de ce sentier. Il détruit sa passion, avec haine et rage. L'homme lâche prise, le garçon le percute pour le faire choir. Son petit coeur boue, il s'enflamme et propage dans ses veines un acide, celui qui vous ronge les muscles, qui vous essouffle. Evitant de justesse de glisser sur le savon au sol, il enfonce ses petits pieds dans les profondeurs de ses chaussures sans prendre le temps de faire les lacets. Il court, et entend derrière lui un cri de rage puis un déclic.

 Un canon cracha son feu. Les plombs touchent le garçon à l'épaule. Il glissa du chemin et s'écroula dans le fossé. Son sang pourpre, voila la nuit clair. Ses cris de douleurs retournèrent les mers. Il essaya de calmer la douleur en appliquant le ferment d'herbes qu'il trouva au fond de la tranchée. Son corps ne supporta pas cette blessure. Ses yeux se refermèrent sur la Lune, la main tendue sur la voie lactée.

 Dans un désert de glace, une silhouette marche, elle se déplace à l'encontre des vents. Ses pieds soulèvent des amas de sable, sa tunique sombre vole dans les sirrocos glacés. Son hurlement déchire encore les cieux, même si ils viennent des profondeurs des abysses. Le coeur de cet enfant est mort, son innocence est devenue vengeance... La fleur s'est asséchée, elle s'est transformée en sable...


mardi 24 avril 2012

Mes longues ailes noires.


 Dans les larmes, le désespoir, j'y trouve mes ailes. Celles que je porte. Celles que je me suis créé. Je me tapis, je m'asseois sur un trône, dans ce monde où il n'y a plus personne. Je suis le Dieu, dans un Univers vide. Les heures y sont longues. Je ne suis que l'ombre du soleil.


 Je ne suis pas un ange. Je leur aurais volé leurs ailes si j'avais pu. Mes griffes auraient éventré quiconque me gênait. Je suis cet empilement, de toutes les choses et tous les sentiments mauvais qui puissent exister. Mon désespoir et ma haine ont dévoré mon coeur. Ma volonté fut brisée et scellée parce que j'avais baissé les bras.

 Je ne suis pas le prince des Etoiles, je suis le prince de la Nuit. Celle qui nourrit vos cauchemars, qui se glisse au crépuscule de la vie. Une fumée noire sort de mes poumons. Une flamme malsaine a consumé mes rêves, a dévoré mes espoirs. Je me lamente, au sommet de cette colline. Les océans sont vides, le soleil ne se lévera plus.

 Il fait froid dans mon Univers. Mes crocs sont armés pour faire la guerre. Ma voix porterait sur des millions de personnes. Je suis le souffle perdu, de ceux qui ont renoncé, la main glissante de ceux qui n'avaient plus la force de s'accrocher. J'ai voulu moi aussi grimper cette montagne. J'étais indomptable. Mais ma main glissa. Au lieu d'atteindre la Lumière, j'ai atterri dans les abîmes, les Limbes infinies.

 Les étoiles brûlent ici. Mon sourire de glace, ne réchauffera plus jamais rien. Je sens cet air lourd autour de moi, cette présence sournoise. J'ai abattu les cieux. Ma rage m'a conduit jusque dans l'oubli. J'ai renié mes origines. J'ai pleuré mes imperfections. J'ai hurlé d'avoir perdu mes étoiles, celles que je conservais dans mes yeux. Elles sont devenues des comètes errant dans le vide de l'Espace.

 Je marche sur cette terre aride, sombre. Ma tenue noire m'enveloppe. Je l'ai confectionné de mes larmes, de mon désespoir. Elle suit les mouvements de ce vent, qui ne vient que des plaines où le soleil avait chanté. Je ne suis qu'une ombre. J'ai perdu ma vie, mes rêves. Je tiens dans cette carcasse. Mes pieds ne me portent plus. Je voudrais mourir. Mais s’éteindre dans un Monde mortuaire... N'existe pas. C'était un aller sans retour.


 Je relève la tête. Je meurs de faim. Je suis seul, seul dans une prison que j'ai construit de toute part. Dans laquelle j'ai voulu m'enfermer. Je suis le prince de la Nuit. Je suis seul. Abominablement seul. Mes ailes balayent le sol. Je suis le plus malheureux des Dieux.


 Je ne suis plus un ange. Je ne l'ai jamais été. Ma fin sera ici. Seul, dans cet Univers froid. Je m'éteindrais loin des étoiles, que j'aurais voulu revoir, une dernière fois. Ainsi que ces cheveux d'or et ces yeux d'ébène...

 Le vent souffle dans ce désert, le sable glisse entre mes griffes. Je meurs... M'enveloppant dans mes ailes noires...


Un espace infini...


 J'aimais pencher mes yeux sur les petits ruisseaux lumineux au clair de Lune... Ces heures où seuls les chants des lucioles heurtent le silence glacial de la nuit. Je plongeais mes mains dans cette glace liquide... Cette matière, douce, fraîche, ressemblait à un vide... Sa légèreté, elle me fuyait des mains. C'était comme attraper une chose invisible, elle finit toujours par s'envoler alors que l'on aurait tout fait pour la maintenir.


 Je saisissais des petits galets en frémissant, tant cette eau était froide. Au fond de ce vide, ils me paraissaient brillants. Mais si tôt je les extrayais, ils perdaient leur éclat fantastiques, qui me rappelaient les étoiles d'où je venais... Je demandais si une étoile, sortie du ciel continuerait-elle de briller ?

 Je pensais au chant des lucioles, qui m'arrivait aux oreilles... Seulement parce qu'il n'y avait rien autour. Que le bruit, à part leurs chants, était absent, il n'y avait pas le moindre charivari. Juste un vide sonore. Je me trouvais là. Dans cette immensité m'appartenant. L'herbe serait mon lit.

 J'ouvrais grands les yeux sur les étoiles. Elles me racontaient des histoires sur les grands déserts, où les vents ardents brûlaient le nez et les mains. Je voyais les océans, dormant comme une créature gigantesque. Sans bruit, parfois ce monstre remuait. Le vide restait vide, mais il se mouventait. Sa peau se déchirait, les côtes se fendaient sous son passage. Tout n'était pas logique sur cette planète.

 Jamais un espace vide n'avait causé des dégâts... Jamais, je n'aurais pu croire, que ce qui donnait de l'importance à mes étoiles, à mes génitrices, serait le vide dans lequel elles flottaient. J'étais tourmenté, le vent, invisible, immatériel, sillonnait ce désert. Il n'était rien, mais les arbres dansaient sous son sifflement.

 Les hommes arrivaient même à écrire sur ce vide... Mes yeux ne s'attachent pourtant qu'à des choses visibles, que je puisse toucher... Et bien non... Il parait donc que l'on peut parler de ce qu'y n'est rien, on peut souffrir de ce qu'y n'existe pas...

 Prisonniers d'un vide, je ne sais pas comment font les humains... Le vide est ma maison, rien ne me contrôle, rien ne m’oppresse... Pourquoi se bloquent-ils face à l'infini ? Je ne les comprends pas moi, ceux pour qui le vide, est une limite.




Au travers du miroir.


 Les cloches résonnent dans ce ciel orange... Mes mains sont jointes. Accroupi devant l'autel de ma dernière heure, je songe à ce que mes yeux ont vu, et qu'ils ne pourront plus jamais voir. Je saisis le miroir de ma jeunesse, et passe mon visage au travers de ce vitrail aqueux...


 Je me souviens de ce champs de coquelicot, dont l'atmosphère se chargeait en pollen. Et de cette jeune fille... Ses mains semblaient avoir entourer l'étendue fleurie d'une vitre invisible. Ce terrain était son endroit secret. Ses cheveux étaient des rayons de soleil se balançant au gré des vents tièdes... Ses yeux étaient des vitraux qui donnaient sur le ciel bleu, tant leur éclat couleur saphir était envoûtant. Je la revois encore caresser les coquelicots tout en chantonnant un air gai...

 Cette vitre, je l'ai touchée toute ma vie. Je contemplais ce paradis terrestre. Je m'asseyais devant sa prairie tous les jours. Elle illuminait ce coin de la planète rien qu'en dansant. Parfois, je l'ai peinte, j'ai écrit des poésies en l'honneur de sa grâce et de cette beauté intemporelle.
 Toute ma vie, j'avais contemplé ce vitrail haut en couleurs, comme je regardais attentivement chaque soir les étoiles luisantes qui vivaient au dessus de ma maison... Je tendais la main pour atteindre ce que me bloquait ces vitres...

 J'avais redoublé d'effort pour pouvoir aller dans ce champs de coquelicots, pour pouvoir enfin parler à cette jeune femme aux cheveux ensoleillés... J'avais mille et une fois essayé, de m'envoler dans le ciel étoilé pour aller dormir contre les astres... Seulement ces vitres restaient là.

 Je m'effondrais en larmes devant mon incapacité, je frappais aussi fort que je le pouvais pour traverser ces vitres... Mes mains percutaient avec violence ce vitrail du rêve, qui restait intacte, immobiles, moqueur... Je perdais espoir, je retournais devant le champs pourpre. La tête dans les mains...

 J'entendis un bruit de choc. La jeune femme se tenait contre la vitre, elle me regardait. Je m'approchais rapidement de cette barrière. Elle étendit sa main sur la surface incassable, m'incitant à en faire de même. Je la posai, elle me sourit... Puis elle disparut...


 La jeune femme aux rayons de soleil et au ciel bleu, partit à jamais de mon, Monde. Les étoiles cessèrent de briller. Je plaçai une vitre autour de moi. Je m'enfermai à jamais dans cet endroit clos...

 Mes yeux s'ouvrirent... J'étais dans cette église. Les vitraux multicolores éclairaient de milles feux, la pièce de tristes pierres. Je voulais m'en aller, en finir... Vivre avec un rêve, mais sans jamais le saisir... Je ne pouvais le supporter. La porte de la cathédrale s'ouvrit... Une femme arriva pour rompre ce silence morne. Sa chevelure blonde flottait encore et toujours, ses yeux bleus vinrent remplir mon océan de joie. Elle était vêtue d'une robe de coquelicot entrelacés les uns avec les autres...

 Nous marchions l'un vers l'autre, quand une vitre nous bloqua... Elle tendit la main, j'en fis autant... La vitre éclata... Mon rêve s'accomplissait...


lundi 23 avril 2012

A mains liées...


 Je me souviens de nos jeunes années. Imprudentes, impudentes, joueuses et gourmandes. Où nous nous étendions dans les champs de coquelicot, éclairés par le sourire argenté de la Lune. Le vent tiède transportait le pollen léger des fleurs multicolores. Nous respirions ce parfum délicieux.


 Tête contre tête, main dans la main. Lèvres contre lèvres. Mes rêves sont les tiens... Nous partageons tout... Je dérobe l'air de ton ciel, tu voles les étoiles de mes yeux... Nous vivrons ainsi si il le faut. Tel un vent de sable allant se marier avec les vagues d'un océan de bonheur. Nous mourrons sur cette falaise main dans la main, face à ce coucher de soleil, aux couleurs de l'arc-en-ciel.


 Je t'avais passé l'anneau au doigt. On m'avait donné le fusil à l'épaule. La guerre faisait rage. Tout autant que j'étais ce soldat dans sa tranchée. J'entendais les obus siffler près de moi. La boue venait s'écraser sur mon visage. Je ne voulais pas faire la guerre. J'étais trop jeune. Chaque soir lorsque les éclairs de plomb cessaient, je m'allongeais sur cette colline illuminée des étoiles que nous avions créé. Je continuais d'entendre ta voix. Et je savais que ce parfum, qui dans le ciel voguait, était celui de ton cou. A dix milles lieux l'un de l'autre, nous communiquions, nous partagions encore.

 Ce partage... Nous l'avions voulu, plus ou moins inconsciemment. C'était un pacte qui nous tiendra toujours l'un et l'autre... Près de l'autre...


 Nous étions deux âmes vivantes et follement aimantes. Seulement. Un rubis traversa ma peau. Transperça mon coeur. Je ne voulais pas y croire. Mon souffle me quittait. Mes yeux se fermaient sur cette bague brillante, couverte de la honte des hommes, de leur haine et de leur violence.

 Je sais quelle est ma dernière volonté. Je veux que dans le ciel, mes étoiles brillent au-dessus de ta demeure. Ton regard orienté vers le ciel sera notre éternel partage...


samedi 21 avril 2012

Hurlements justes.


 Trop longtemps enfermée. Mon existence fut oubliée des peuples. Autrefois, mon nom résonnait partout sur Terre. J'étais la crainte de certains, l'alliée d'autres.


 Mes pieds avaient foulé des déserts de glace, mes yeux avaient survécu aux flammes brumeuses. J'étais acclamé par les peuples furieux. Détesté des gouvernements trop gourmands de pouvoir. Ma vie fut scellée, enterrée six pieds sous terre.

 Cependant... La Terre gronda. La plante frêle venait à l'aide de ses racines, d'atteindre la goutte d'eau nécessaire à sa croissance. J'étais une idée, faible, immature. J'allais devenir des luttes acharnées, des pierres jetées. Les mains pleines de sueurs allaient me brandir. Je serais leur arme une fois de plus. Mon nom était brandi sur les étendards de la Justice, de l’Équité.

 Quelque part... J'existais en chacun de nous tous. Ma voix soulevait les foules, comme un séisme soulève les océans. J'étais cette flamme d'espoir qui coulait en chacun de nous. Elle consumait l'injustice, fournissant des ailes aux cul-de-jatte, des yeux aux aveugles et des bras aux manchots. J'étais ce hurlement de fureur qui avait un jour marqué de sang et de haine les rues pavées des métropoles. Je me logeais dans les affiches de propagande jusque dans les pages des ouvrages libres.

 Ma main faisait crier le vent dans les cités, poussant les peuples à abattre leur malheur sur les reptiles, cachés sous leur pierre. Ma voix, l'harmonie des coeurs, détruisait les édifices faits de mensonges et de promesses. Mes idées, telles des vagues tranchantes, tranchaient les murs de béton. Je prenais part de tous ceux qui croyaient en moi.

 Sous Terre, je m'agitais. Le sol tremblait près de moi, les chants de guerre se mélangeaient à la famine. Les fourches et les faux sifflaient sous les nuages de colère. Sans être près de mes armées, je commandais leurs combats. Leur affrontement était le mien. Je serais leur volonté, leurs mains, leurs coeurs, s'il le fallait.

 Face à moi, les boucliers s'alignaient, les armes se pointaient. Comme face à du bétail contaminé, les flammes de la répression abattaient mes enfants, décimaient mes rangs. J'insufflais le courage à mes troupes. Mon âme brûlait les pavés projetés. Je ne faisais qu'un avec la Justice, j'étais la Justice !

 Je la serais toujours. Mes étendards tachés de mots et de larmes ouvraient les nuages. Le soleil réchauffait leurs voix. Le vent les poussait à surmonter leur peur.

 Moi, Révolution, suis fière de contempler encore... Mes enfants luttant pour leurs Droits...



De pierre et d'âme...



 Il émanait de ce bâtiment, un froid abyssal, glacial. Celui qui vous ronge les os, qui vous fait frissonner de la tête jusqu'aux pieds.


 Ce jour-là, il pleuvait des cordes. Les cloches magistrales résonnaient dans cette sinistre demeure. Cette cathédrale, solitaire, se dressait au dessus des toits des maisons. Elle surplombait les croyances et la foi des Hommes. Un bloc gigantesque de pierre... S'élançant par dessus la morale, venant s'incruster dans les moeurs de tous.

 Cette entité inanimée, avait ses gardiens, ou ses gardiennes plutôt. Je les observais nerveusement.
 Leurs crocs acérés, attiraient la foudre. Leurs corps solides, avaient résisté à toutes les tempêtes. Elles auraient pu cracher des flammes, des ailes de menace auraient pu déchirer leurs membres de pierre.
 Intemporelles, indestructibles, ces gargouilles puissantes guettaient et protégeaient leur trésor. Ce bâtiment sans âme. Qui acceptait volontiers que ces créatures immobiles le défendent.

 Je tremblais de froid devant cette vision. Je pensais à ces dragons de glace et de foudre qui avaient jusqu'à présent sillonné nos cieux. J'entendais presque le hurlement strident des créatures divines émaner de la gueule des gargouilles. Leurs yeux cruels, fixes et à la fois mobiles, suivaient vos moindres gestes. Elles épiaient vos mouvements.

 Leurs grimaces me tordaient l'estomac. Je le laissais gargouiller. Mon regard planant au dessus des voûtes morales. Les statues de pierre, fières et immortelles, continuent de nous scruter, nous pauvres mortels.

 Je laisse mes yeux, traîner une dernière fois sur ces créatures ternes. Immobiles, puissantes. Elles scrutent nos existences, qui entrent et sortent de ce bâtiment livide...


Sous ma vue...


 Ma vision trouble de cette nuit d'été, me rappelait que mes yeux étaient faibles, vieillissant. Je tentais tant bien que mal de scruter cet horizon, trop incertain pour être réel... Trop émouvant pour être irréel. Je fermais mes paupières...

 J'ouvrais mes yeux face à cet étang et ce petit cours d'eau, courant à travers les fougères et les grenouilles. Je trempais mes mains lentement dans l'eau trouble, trouble comme mes idées, comme mes sentiments. De fines pellicules vertes flottaient à la surface de cette poignée d'eau fraîche. Des lentilles, douces, fragiles remuaient sous mes mouvements dociles. Je voulais les conserver, je souhaitais que jamais ma main ne se renverse. Un choc me faisait tressaillir.

 Je relevais le visage, couvert d'une endure désagréable, collante, séchant à une vitesse folle. Tout autour de moi, des millions de cris. Un brouhaha gênant, qui vous empêtre. Le rire moqueur des autres, des regards narquois, des larmes coulant des yeux. Je m'essuyais le visage, plein de lentilles, plein de honte. Un petit garçon venait de m'aplatir le visage dans mon assiette. Ce sentiment si dur. De sentir tous les regards posés sur vous. Mes jambes fines glissaient de la chaise. Je m'affalais au sol, je souhaitais que ce cauchemar cesse. Le froid du sol de la cantine sur mes joues. Je fermais les yeux.

 Nageant dans l'Espace, je me réveillais. J'étais le prince des Etoiles. Comme si j'étais penché au-dessus d'une assiette, je contemplais les astres brillants comme une purée de lentilles. Écrasées les unes sur les autres. Les douces lumières de la nuit scintillaient sans bruit. Les bras croisés, je prenais le temps de leur murmurer quelques mots. Je disais à certaines de s'éteindre, que leur longévité touchait à sa fin, je demandais à d'autres de briller davantage. J'étais là à regarder cet océan infini, ce mélange de couleurs et d'odeurs.

 Je pensais à ce petit garçon de la forêt, qui aura besoin de ces lentilles scintillantes pour retrouver son chemin lorsqu'il se perdra. Je pleurais pour le garçon qui cherchait, le visage couvert de lentilles, le sillon pour aller nager dans les étoiles qu'il contemple depuis si longtemps...

 Je m'endormais lentement, fermant les yeux devant cette purée de lentilles. Je régnais depuis peu... Sur le Monde silencieux...


mercredi 18 avril 2012

Osmose...



  Lumière douce et chaude d'un tendre matin d'été... Tu réchauffes ce petit bosquet d'herbe verte et de fleurs éclatantes de couleurs. Le carillon du ruisseau, massant et résonnant sur les galets ronds, donne à ce lieu paisible, l'enivrant plaisir de sentir une eau fraîche couler sur son dos. Le chant des oiseaux est en parfaite osmose avec ce calme magnifique, apaisant.

 Le grand cerf, allongé sur ce gazon d'émeraude, se repose. Ses muscles vifs et puissants sont à l'arrêt. Ses bois gigantesques, telles des cornes d'ivoire, créent avec le vent une mélodie douce, divine, légère... Il se relève, se dressant majestueusement dans cette forêt, dans cette prairie qui lui sont siennes. L'animal bondit, et disparaît dans les épars rayons du soleil du sous-bois.

 Un long manteau noir flotte au vent. Les étoiles terrestres scintillent sous une pluie fine. Les automobiles silencieuses se croisent, se frôlent, s'éloignent. Les bras croisés, le regard dans le vide, l'homme contemple son monde. Il s'exalte, il respire l'air, nocif, toxique. Une certaine sérénité se transmet de cet Univers laid, froid et glacial... Les cheveux au vent, les pieds dans le vide, il se poste sur les bords de ce gratte-ciel. La voilà son osmose. De trouver un peu de liberté dans ce monde de chaînes et de contraintes.
 Il a vendu son honneur et sa fierté pour pouvoir vivre, pour pouvoir respirer un peu, et sortir de ce constant nuage de stress. Les heures et les minutes défilent. Il s'ennuie, regarde désormais le ciel translucide, marqué de couleurs plus dorées, plus douces. Il rêve de voler, il désire aller dans ce petit bosquet plein de couleurs vivantes.

 Une goutte d'eau fraîche tombe d'un stalactite et heurte la surface d'une eau paisible. Un glas doux résonne dans cette grotte... Les vagues viennent s'écraser en silence sur ces plages, luisantes de coquillages multicolores... Le vent tiède et joueur s'engouffre sur les étendues vide des plaines estivales... Une étoile filante traverse mon ciel immobile... Ces collines que nos voix dessinent, elles sont sous mon soleil... Tandis que ma main, elle, se réfugie dans la tienne... Et que tes lèvres réchauffent les miennes...

 C'est ça mon Osmose... C'est ça mon équilibre...



mardi 17 avril 2012

Ses yeux brillants...


 Loin du hurlement houleux des peuples humains, loin de toutes ces civilisations bétonnées... Deux diamants scintillent sous la Lune. La stature fine d'un Dieu brille sur le versant d'une montagne, son courroux et son mépris lui ont donné un pelage agressif et argenté. L'Homme lui a offert des pierres au bout de ses griffes brillantes. Ce lapidaire émerveillé, ce fou passionné, tailla les montagnes et dévora la Terre pour lui donner ces joyaux lumineux.
 La bête, dont le souffle chaud balaye les pics, voit encore les peuples meurtriers lapider ses semblables. Son hurlement passe où ceux de tous les hommes trépassent. Il est fier en haut de sa montagne, malgré la douleur qu'il subit, malgré ce fardeau qu'il transporte, à chercher désespérément ces joyaux si brillants. Sa liberté, sa course effrénée. De ses grands yeux luisants, couleur vert émeraude, il traque le lapidaire qui lui inculqua cette envie matérielle.

 Ce loup assoiffé de vengeance, parcourt tous les sols du Monde, il se faufile entre les corps humains, traversant les différentes essences féminines, il se glisse, tapi dans ce brouhaha incessant. Ses yeux immenses et cristallins, scrutent les poignets et les cous de ces êtres dressés. Il y voit les mêmes poignards qui avaient servi à massacrer ses frères et soeurs, les mêmes que le lapidaire, lui avait incrusté dans la chair. Ce poison d'or coulant dans les veines, qui ronge et dissout la volonté de tous, remplaçant la liberté par des chaînes en argent massif, contraignantes et éreintantes, il rêve de les déchiqueter de ses crocs brillants.
 Sa rage, il la traîne comme un boulet, comme un assassin garde sa dague à sa ceinture. La bête argentée avait quitté sa montagne blanche comme la nacre, errante dans un désert immobile. Laissant un vent glacial pétrifier la végétation sous son passage. Son souffle d'espoir, ses crocs de diamants acérés, son pelage hérissé, l'animal terrifiant s'introduisait dans nos cultures malsaines.

  Il faisait face au lapidaire qui inonda les canyons désertiques de rivière de rubis. Des rubis pourpre comme le sang qui servit d'outil aux pioches et aux esclavagistes. Cet animal fier et solitaire comme le soleil, libre comme le vent, avait perdu ses proches, lapidés par des pierres brillantes et brûlantes comme le crachat des volcans. Sa haine dorée, son regard froid comme l'ambre, le loup furieux s'approchait du lapidaire. Qui de ses doigts crochus, avait perverti les peuples humains, les faisant rêver de posséder des diamants tachés par le sang et les larmes.

 Cette nuit-là, le loup regagna sa montagne, il pleura une dernière fois les joyaux éternels qu'il vît dans le ciel nocturne. Sa fourrure se tacha de rubis, ses yeux s'emplirent de diamants. Son âme, endurcie comme un cristal poli, maudit à jamais le lapidaire, qui incrusta de lampadaires minuscules notre volonté, désormais assoiffée de lapis.

 Le hurlement frappa une dernière fois la crainte des habitants des montagnes, entendant de leurs maisons, le râle d'un Dieu s'éteignant, tué par les balles d'or...



lundi 16 avril 2012

Mes tympans dévorés...


 Mes oreilles n'en peuvent plus. Je me couche tous les soirs, dans cette nuée d'insectes. Ils bourdonnent dans ma tête. Ce sont les cris du désespoir, les appels de nos âmes. Ce charivari, ce char d'avaries, qui détruit nos rêves, qui coule notre espoir dans un océan empli de bruits infectes. Le hurlement des civilisations, dans leurs illusions de béton et de briques.
 Leurs voix résonnent. J'en suis un spectateur, un acteur, je n'en entends plus mon propre cri. Dans l'affolement, nous sommes tous des oiseaux, qui s'envolent devant l'arrivée d'un danger, poussant nos râles, affolés, éperdus.  Nous survivons dans un brouhaha, qui s'est formé d'un milliard de plaintes, de larmes. Nous sommes tous, l'enfant courant, qui dans sa chute, se blesse, et ne cesse d'hurler. Nous avons empli l'atmosphère de notre rage, de notre tristesse.
 Les mains sur les oreilles, je me frappe aux quatre coins de cette pièce, cette migraine me déchire de l'intérieur.  Je veux que l'on me tende la main, comme tous les autres. Nous sommes abandonnés sur les bords d'une route, où le souffle des vainqueurs nous repousse de plus en plus vers le fossé. Laissant derrière eux, les sons des gagnants.
 Leurs sifflements se distinguent, ils ne se confondent pas avec le reste, ils ne sont pas acteurs de notre charivari. Nous nous traînons, tant bien que mal, pour rejoindre ce sentier glorieux, nos soupirs sont désagréables, nous sommes une brise sèche, qui cherche à se faufiler dans les feuilles opaques des forêts d'arbres d'or. Encore une fois, hurler nous fait perdre notre souffle, nous retombons dans les tapis caduques couleur orangeâtre. Les mains gelées, le regard tremblant, notre voix reste la seule à se rétablir.

 Qui viendra nous relever ? L'être dont les pas créent une mélodie astrale, celui derrière qui la lumière scintille, qui illumine le ciel. Un hurleur masqué, qui dévore le brouhaha. Il sait parler, il saura nous apprendre à terrasser ce charivari désordonné. Lui nous relèvera. Nous sortirons la tête de cette fumée sonique. Nous verrons au dessus des cimes. Et c'est à cet instant, que nos voix, ne seront plus un désordre invisible, mais une arme renversant nos classeurs en béton, dans lesquels on nous entasse, pour que nos hurlements soient concentrés.

 Ce charivari, n'était pas injustifié, ni composé d'éléments nocifs... Seulement, nous étions des millions à hurler la même chose, dans une confusion immense. Comme une nuée d'insectes, nous exprimions la même plainte et le même sentiment. Mais, dans cette incoordination... Nos pleurs se sont envolés aux cieux. Et les étoiles, seules spectatrices de notre déchéance, n'ont pas su trouver les larmes de diamants, qui viendraient nous conforter.

 Sous la pluie torrentielle, à genoux sous le poids des gouttes d'eau coupantes, mes tympans hurlant face au charivari de la percussion des larmes célestes, mon corps s'effondre, je mourrais dans ce bruit, qui m'englobait avec le crachin.

 Ô bruit céleste, ô hurlement de nos âmes. Nos corps animés, ne font que se déplacer d'un charivari à l'autre... Ne vas tu pas un jour, cesser de nous malmener ?

dimanche 15 avril 2012

Face aux doutes, je suis en déroute...


 Le ciel étoilé, plein d'idées, me transmet toujours des envies. Face à une feuille blanche, je prends une grande bouffée d'air gelé. Comme une lame affûtée, j'élance ma plume. Elle ricoche sur le papier. Mes mots ne prennent pas. Je doute, je ne sens plus mon sang arborant mes doigts. Le stylo m'échappe. Que m'arrive-t-il... ?
 Je suis saisi d'une nouvelle peur, celle de ne pas savoir, celle de ne pas plaire. Dans ma tête, les lettres s'alignent, s'allongent. Je suis un frêle esquif, qui, face à l'océan, doute de réussir à surmonter les vagues à "l'âme". Je suis cet étang serein, qui d'une feuille légère, voit son équilibre rompu, troublé. Toute ma concentration et ma préparation viennent de s'envoler.
 La nuit vient de s'emparer de mon esprit. Mes idées étoilées, viennent de fuir, de peur d'être dévorées. Ce doute, me saisit par le col, et me plaque au sol. J'ouvre les yeux, je regarde une dernière fois ce ciel luisant. La lune d'un bord, le soleil de l'autre, les deux plus beaux joyaux éclairent mon âme.
 Ma plume vient à moi, une main enfouie dans les cheveux, l'autre oscultant le papier sec. Le doute, cette pénombre gênante, voilant la plus belle des nues, s'emparant de nos esprits... Il faut la combattre.
 Nos idées, nos étoiles, nos pensées, elles rayonnent en nous. Je ne veux plus avoir peur, je ne veux plus sombrer dans cette crainte.
 Lame à la main, j'engage le duel avec le doute. Nous nous devons d'empoigner cette timidité, de repousser les craintes. Pourquoi douter avant de publier, pourquoi craindre avant d'affronter ?
Le doute nous démotive. Il nous effraie. Il ne vient pourtant pas de ce ciel que je regarde, que j'étudie, que j'analyse. Il ne peut pas venir de ces joyaux qui scintillent dans nos yeux.
 Une seconde fois, je saisis ma plume, j'affronte cette feuille vide, je plante ma lame en elle. Les courbes s’inscrivent, les formes se dessinent. Mon âme s'écrase sur ce néant, le doute se balaye, même les erreurs seront belles. Le blanc devient couleurs, ce silence devient un brouhaha.
 Quand je pense qu'à cause d'un doute... J'aurais gardé tout cela en moi... Avoir foi et confiance en ses idées n'ait pas un défaut... Mais un prédateur redoutable du doute...

 Ne doutons plus, élançons-nous. Ne craignons plus rien. Nos idées sont nos plus belles armes, ne les laissons pas s'émousser à force de ne pas les utiliser...

 Doute quand tu nous tient...

vendredi 13 avril 2012

A court de voix...


 Ce matin... Je me suis levé, j'avais un chat dans la gorge. Enrouée, nouée, ma voix ne s'entendait plus. Comme une idée que l'on étouffait, une pensée que l'on mettait sous silence. J'étais ce petit murmure, trop faible pour que l'on l'entende, trop désespéré pour s'en sortir indemne... Aujourd'hui, je me sens comme la minorité.
 Personne ne m'écoute, car personne ne peut et ne veut m'entendre. Je suis ce petit rouge-gorge que l'on a enfermé dans une cage en verre pour que son  chant doux ne rompe pas le silence de l'incertitude, du mensonge.
 Je suis celui qui ne peut plus répondre des actes que je subis, j'en reste sans voix. Tout l'Univers s'est réfugié dans mes cordes vocales, sèches, coupantes, fragiles et amorphes. On m'a coupé le souffle, je suis entrain d'étouffer. Pourtant je les vois tendre les mains et les oreilles, ils veulent m'écouter.
 Ils sont prêts à accepter ce que je veux leur communiquer. Les murs sont encore là, certes, cependant, j'en donne ma parole et ma langue au chat, nos voix unies seront capable de les renverser.
 Je suis muet, comme une carcasse vide, je n'ai plus aucune raisonnance en moi, cette voix qui me chantonnait à l'oreille les mots des poètes, les fers des chevaliers, les discours des grands Hommes. Elle n'est plus là. On me coupe la parole, on m'apostrophe. Je suis un lion en cage qui rêve d'engloutir la savane.

 Je respire un grand coup, je reprends mon souffle. Je sens en moi cette puissance monter à mon cerveau. Il remue sans cesse, affolé et furieux. La bête s'agite, elle arrache les barreaux de la cage. La plénitude, cette voix, cette chaleur, revient à mes oreilles. Les proses sans rides déchirent ces chaînes moroses. Comme un tsunami déchaîné, je m'écrase avec fracas sur mes cordes vocales que l'on a soumises.
 Je suis la voix de la majorité. J'écrase les langues de bois, qui laissent leurs sifflements de reptile apeurer les foules. Vos mains seront la lame, ma voix sera le pommeau. Comme un glaive tranchant, mes rimes fendent les ouragans. Sortis des tempêtes, mes mots lacèrent les grosses têtes, qui de leurs paroles en ont fait les vices de cette folle.
 Société corrompue, ma voix te défie. J'en appelle aux vents chauds qui portent nos espoirs. J'hurle à la Lune de laisser les océans libérer leur courroux. Je crie aux peuples de lever leurs mains et de brandirent leurs âmes. Que nos chants s'élèvent haut dans le ciel, que les voix calmes et timides s'expriment. La prochaine plénitude sera celle de toutes nos voix...

 Nous ne laisserons plus les serpents siffler sur nos têtes.

 Je vous en donne ma Parole.

jeudi 12 avril 2012

Essence fleurie


 Main dans la main, nous nous promenions toi et moi...
Le sable chaud et l'écume douce mettaient nos narines en émoi.
 Ta peau pâle et sucrée, brillante sous l'éclat de la lune,
Ton cou, délicieusement parfumé à l'eau de prune...

 Cette nuit là, l’automne doux, la chaleur agréable...
Toutes les senteurs étaient au rendez-vous.
 Tes hanches salées, ton petit ventre mou...
J'osais poser mes lèvres sur tes joues palpables.

 Ton nez, digne de ne sentir que les plus doux parfums...
Me rappelait par son teint, les jardins sentant la rose.
 Tu associais à tes lèvres l'essence d'un ruisseau cristallin...
Je caressais avec entrain ton bassin... Enfin, j'ose.

 Plus je croquais tes lèvres, plus s'en dégageait un arôme...
Au gout sucré, de ces plantes, desquelles tu extrais ton baume.
 Mon nez frémissait tant, tu te délivrais à moi sans flagrance...
Tout autour de nous, l'air s'était empli d'une agréable fragrance.

 Cette nuit là, nos nez étaient sous hypnose,
Allongés dans un champs de roses,
 Nageant dans l'aromate, inhalant le parfum
Sucré, malhabile, doux de nos années couleur carmin.


mercredi 11 avril 2012

Il faisait chaud, les idées volaient...


 Les cigales murmuraient dans les arbres, rompant le silence apaisant d'un calme sans limite, il faisait chaud, l'air sec mais balayé par un vent frais, faisait s'envoler les coeurs, les esprits sifflaient heureux dans le ciel près du soleil.
 L'éclat cristallin d'un ruisseau argenté fut brassé par des rides aqueuses. Le jean retroussé, les cheveux attachés, les bras nus... Une silhouette venait d'arriver dans cette espace de paix.
 Retirant le peu de vêtements lui restant, la forme s’immergea dans l'eau fraîche de cette petite rivière. Laissant le froid saisissant inonder sa peau brûlante. Les rayons du soleil lui réchauffaient le corps tandis qu'elle s'adonnait au plaisir d'une baignade sauvage.

 Une chevelure dorée se posa sur la berge. S’accommodant de quelques touffes d'herbe comme d'un oreiller tendre et frais. Levant les yeux au ciel, noyant son regard dans l'immensité bleue. La jeune fille, laissait toutes ses pensées s'envoler. C'est bien pour ça qu'elle était là. Elle voulait échapper aux murs ternes d'une salle de courte, où l'atmosphère y est pesante, où ses idées se bloquent sur une feuille. Elle souhaitait vivre et rêver, sous un doux soleil. Loin de ces classes tristes et mornes, où les esprits sont séquestrés.

 Elle avait ainsi décidé de fuir cette prison, où les idées se fanent, où les rêves se ternissent. Elle s'était élancée, prenant son sac d'une main, traversant les routes goudronnées, dépassant les fougères et arrivant face à cette rivière.

 Pour elle c'était ça sécher les cours, quitter un emprisonnement. La silhouette féminine ne faisait qu'un avec l'eau, ses iris bleus étaient en symbiose avec le ciel. Sa voix se perdait dans son crâne, tant le soleil chaud faisait éclore les bourgeons d'imagination en elle... Le temps passait sans limites, pas d'horloges qui attirent les yeux, juste le vent qui souffle les feuilles sèches, les faisant danser devant ses yeux ébahis.

 L'école buissonnière... Elle nourrit notre désir de fuir, elle inonde notre âme d'idées de liberté...

mardi 10 avril 2012

Il faisait froid.


 Ce jour-là, il faisait froid sur mon Monde.
Monde dur, impersonnel et cruel..
Cruel comme la nuit sombre de l'Hiver.
Hiver rigoureux, la famine fait rage.

Rage empare les peuples, empare mon âme.
Âme damnée, condamnée, pressée...
Pressée tel ton coeur dans ta poitrine..
Poitrine angevine, attire le regard, attise les sens.

Sens désorientés, malmenés, blessés.
 Blessés, comme cet enfant qui court dans le noir.
 Noir qui le dévore, qui l'engoutit, petit à petit.
Petit comme l'espace libre dans mon crâne.
 Crâne rempli de nocif, de poison.
 Poison agréable, imaginatif, instructif, une mélodie.
 Mélodie sanglante, rythmée par les aller-retours d'une lame.
 Lame qui s'émousse qui se brise, qui se lamente, lame fragile.
Fragile comme une sensation, comme l'équilibre de l'eau. 



 Eau trouble...
Troubles mes sensations.


Langueur et fumée épaisse. --Essai--


  Oui... Le temps passait, filait comme les nuages courent dans le ciel, se faufilant entre les rayons de soleil.
 Sur cette Terre, la brise balayait sans fin les espaces déserts qui fleurissaient par ci et par là.


 Et moi dans tout ça ? Il en fallait peu pour que je perde toute accroche à cette planète. Pourtant ce n'était pas si loin, ce "bon vieux temps" comme on l'appelait. La fin de la Guerre du Viet-nâm, les gamins et leurs mouvements hippies. Je me souviens ce passé radieux, docile, où les révolutions culturelles étaient si nombreuses, que l'on avait finalement tous perdu notre routine. On s'étonnait encore de croiser des vieux militaires posés sur leurs lauriers et racontant leurs épopées sanglantes.


 Je me souviens de cet après-midi, surement en 1978 ou quelque chose comme ça, enroulé dans ma veste en cuir, la pipe au bec, parlant bruyamment avec quelques collègues inspirés. Nous étions des "anciens" jeunes de l'Indochine. Nous y étions allés, nous avions vu, et nous étions repartis la queue entre les jambes, gueulant comme des gamins qui sortent de l'école. Nos camarades soldats nous aimaient pas. Eux s'étaient enrôlés volontairement et nous nous avions signé inconsciemment suite à un repas trop arrosé sûrement.


 Je me rappelle du regard des français aigris, mornes, abattus, comme si leurs vies avaient été saccagé. Mais ils étaient belliqueux et ils le seront toujours. On ne peut pas nous en vouloir, du moins, c'est dans notre caractère disons.


 Bref, j'en reviens où j'en étais, la période des belles révolutions, des jeunes, de la vie, haha. Elle est loin cette époque. Dans leur "franc" parlé, je me souviens encore des politiciens et de toutes les huiles, qui nous disaient sans cesse de prendre part dans le conflit de la Guerre Froide. On nous racontait tout un baratin, sur les impérialistes, les communistes, trop d'informations à la seconde pour ne serait-ce qu'en comprendre une. Nous vivions inconsciemment en choisissant des directions sans vraiment savoir ce que l'on faisait. Qui s'en souciait, le peuple voulait vivre après tout sans avoir à se préoccuper avec les conflits entre dirigeants. Puis je pense que c'est pour ça que finalement, rien n'a changé.


 Oui, aujourd'hui, nous approchons de 2012, du moins, de ce qui va constituer l'année. Oui, la politique c'est comme les mauvaises nouvelles, elles arrivent le matin, quand on sort du lit, que l'on a envie que de boire son café en écoutant la radio et subitement, on entend un perroquet cravaté, bien peigné, très bien peigné même, qui nous raconte ce que l'on ne veut pas savoir ni entendre d'ailleurs !


 Ces gens là ne savent pas s'y prendre avec le peuple, il faut l'admettre... On nous dit de travailler plus pour gagner la même misère. On nous demande de cotiser davantage alors que la crise fait rage. Ils sont fous ces gens là. Mais moi, je suis petit, tout petit ici. Enfin. Il en faudra sûrement d'autres des petites révolutions gentilles, où les gens fument de l'herbe.


 Oui, ces nuages qui passent, ce vent frais qui vous fait trembler les os, ces époques qui se suivent mais qui ne ressemblent pas... Il va falloir que je me mette à jour. C'est dur à croire.

samedi 7 avril 2012

Troubles frontaux.





 Tous les matins, c'est lassant de se demander ce que l'on fait sur un Monde, qu'on n'a pas envie de fréquenter.
De vivre avec des personnes désagréables, oppressantes. Personnellement individualistes, particulièrement trop conformistes. 

 De se poser sans cesse la même question : "Ma vie m'appartient, je fous quoi ici ?". Si choisir c'est renoncer, alors je préfère que l'on me demande de renoncer, ainsi je choisirais. Oui, pourquoi toutes ces questions connes. 


 Je joue mal la comédie, je suis surement trop cuirassé, pour un terre-à-terre, terrassant et jacassant pour défaire un système trop grand pour ses petits yeux. Comme un gosse, je cogite pour trouver les gargouilles qui surveillent cette faille immense, me dire que je ne suis qu'un petit bout de chair, guidé par une ombre bien plus grand que celle de son corps.
 Je vis dans mon monde, mon imagination aurait eu vite fait de dévorer la planète tant j'ai d'images dans la tête. Des vraies, des belles, des moches, des fausses, des crées, des voulues. Allant du souvenir, au futur, du rêve au cauchemar. 

 Chaque jour je me dis, sois ce que tu es, laisse toi porter. Je renoncerais à apparaître comme je devrais apparaître aux yeux des autres. Cependant je ne peux pas, je connais mon imagination, je sais ce dont je suis capable, ce que mon intérieur réclame. Au lieu de choisir, je renonce, je m'auto-censure. Tellement le piège social et le regard des autres me gènent. C'est ça le trouble. C'est vouloir conserver dans sa mer intérieure, le calme le plus paisible, mais d'être le seul responsable des tsunamis qui ravagent les berges de la Raison.

 Déraisonnable, irresponsable, effrayé face au mur de questions. Que faut-il faire... Etre soi. Démolir les obstacles. Quitter le rang, faire du contre-courant. C'est ça. Je vais glisser lentement mon masque sur mon front, je vais revoir ses yeux rouges, son sourire de glace. Je vais essuyer mes mains moites sur la société et je vais affronter les obstacles. 



 Frontalement. 

Masque démasqué et déchiré.





 C'est facile d'écrire sur un clavier, une feuille, une lettre.
De se dire que chaque mot est facilement oublié. On peut même se laisser porter par les sensations les sentiments. Goûter au poison exquis de laisser sa tête dire ce qu'elle veut. De divaguer, de franchir les limites.
 Ici, je ne détruirais rien. Je ne ferais de mal à personne.


 Intérieurement, nous sommes tous guidés par une voix, notre conscience, nos pulsions. Elles sont immatérielles et totalement destructibles. On les modifie, on les met à jour. Méthodiquement et métaboliquement, diabolique système de destruction perpétuelle. C'est comme assister tous les jours à une fin du Monde.
 Je me suis souvent dit que si le Monde devait un jour s'arrêtait, ce ne serait pas celui que je vois, mais celui que je construis. Comme une écriture, une page publiée, mon inspiration vient avec chaque aspiration d'air, plus expressif que dépressif. La mélodie destructrice qui berce mon rythme digital.
  C'est une pièce blanche et un masque de mensonge, de peur, de violence qui inonde mon âme de bonne volonté et d'une rage incommensurable. Après tout, à force de remonter le courant à contre sens, on finit par se faire ralentir par soi-même. Les murs deviennent internes, on s'auto-censure. On prend conscience de ce que l'on abrite. Du déchet que l'on est.
 On chercher à lui donner une forme. Voilà, j'ai pris le risque d'enfiler le masque auquel je croyais, au poison que j'acceptais de boire en fermant les yeux.
 J'ai senti tes mains sur mon visage, j'ai ouvert mes yeux, vu tes yeux rouges. Sentis tes lèvres sur les miennes, j'ai goûté au plus délicieux des poisons, on choisit son salut au final. C'est comme le cancer du fumeur, ils ont tous un jour accepté de fumer les autoroutes et de consumer par bouffée d'air les arbres...


 Tous les jours, j'acceptais de marcher main dans la main avec toi, de me dire, que je m'y ferais, que j'oublierais le fait que ton "Toi" prenait de la place en moi, comme le pétrole pollue les rivières d'argent. Je cédais ma volonté au plaisir que tu me donnais. Tu pervertissais mon âme.
 Puis tu es partie, tu m'as laissé. Avant qu'une autre vienne.


 Aux yeux ébènes, aux cheveux d'or. J'ai ouvert les yeux face à la Lumière. Vivre les yeux fermés, c'est si compliqué.

Les mains moites.




Avides de chair, de toucher, elles sont là pour être mes outils. 
 Elles montrent mon tremblement, mon hésitation, ma passion.
Aggrippantes, attachantes, contraignantes, saisissantes. Mes mains recherchent toujours le chemin à tâtons. Craigant seulement de poser les doigts sur des ronces.

 C'est toujours ça que l'on retient, les moments éprouvants. On s'accroche à des instants, à des instincts, à ses intestins. Les thérapies amicales, les reproches familiales, les "tu devrais, mais rien ne t'y force", qui sont là pour rappeler quelle voie il faut suivre. Les déchirures délicates, qui font les plaies les plus impures. Celles qui s'infectent, qui nous affectent. Les gangrènes morales sont des graines malsaines qui font pourrir les veines, qui détruisent le courage. S'accrocher au train de la vie, c'est comme refermer les poings sur une barre de métal brûlante, celle qui fait cuire la peau. Qui attaque les chairs et qui vous fait chuter.
 Mes mains me servent à te rattraper quand tu glisses. Elles servent à agripper les murs pour mieux les escalader. Je veux atteindre le sommet encore une fois, sans regarder le vide, sans me préoccuper de ma chute.
 Je veux pouvoir une fois de plus m'envoler pour aller caresser tes ailes d'ange, tu sais, celles qui poussent dans ton dos à chaque fois que tu me souris. Ha, je divague, mes mains trempées par le sang, la sueur, les épreuves, elles glissent, elles sont moites, j'attrape tes doigts, je n'arrive pas à les garder. Et je tombe, je me fracasse sur les rochers pointus d'une falaise, je laisse mon corps se perdre dans les abîmes. J'oublie les réponses que l'on doit tous retenir.

 Je perds mon nom, je perds ma raison d'être. J'oublie mon Monde, je trépasse d'une dimension à l'autre. Le courant m'emporte. Je saisis un rocher pour me retenir seulement... 



 Mes mains sont moites. Mon désir est ardent.