jeudi 4 juin 2015

Ondées et noirceurs.



 "Le passé c'est le passé."

 Qui peut bien avoir dit un jour de tels mots ? Le passé ? Vraiment passé ?
Pfff. Je n'y crois pas. Je ne peux y croire.

 Des souvenirs, des mots, des pensées, remords et regrets, des gestes, des larmes, de la colère. Et surtout le morceau d'acier le plus résistant de tout l'univers. L'amour.
 Ca n'a pas de sens.. Ce que j'écris ici, toi (oui Toi, Claire), je n'en sais plus le sens. Tu ne dois plus me lire depuis un moment. Au final, tous les mots réunis ici, sont sûrement oubliés, remplacés par des nouveaux. Bannis.

 Mais tant pis, je ne me focalise plus sur les aspects négatifs du temps, qui s'écoule, des joies qui ont coulé en même temps que le navire sombrait.


 Mais... Voilà, cela fait un petit bout de temps que j'ai déjà repris le travail. Qu'est ce que le monde m'agace. Mais ça, ça t'a toujours énervé, que je sois si imbuvable avec tout ce qui m'entourait, avec le recul que je prenais, avec mon regard désintéressé, distrait, non-investi. Je me suis fait une raison.

 J'ai accepté d'avoir un poste avec des "vraies responsabilités dont on ne se détache pas comme ça" qui font que le temps défile, bien vite, mais sans pour autant me donner aucun point d'accroche, je ne cherche plus à "vivre le présent" comme je ne te cessais de te le répéter. Je me fais chier, mais je le fais.
 Après, ce que je fais est intéressant, mais à chaque fois que je passe dans une ruelle, que je regarde notre fleuve d'un certain endroit, que je m'aventure au cinéma, quand je pense à des moments, à des sensations qui désormais m'échappent complètement, et bien, je sais très bien avec qui ai-je vécu tout cela.


 Quand je devrais être à cent pour cent concentré sur mon travail, tout m'échappe. Le sol s'effrite sous mes pieds. Je me perds dans une phrase "Voulez-vous vraiment reconduire votre engagement de commande sur le mois prochain"... Engagement ? Ah oui. J'en oublie ce que je faisais, je perds mon regard dans des chiffres, dans des papiers, sans âme, sans sentiments. J'ai toujours admiré cela chez toi d'ailleurs. Tes traductions "sentiments à équation..." Au final. C'était une bonne façon de voir les choses. Je n'avais juste pas la même.. Et finalement, cela me convient car sinon, chaque ligne, de chaque contrat, de chaque commande. Tout serait un flux permanent de sentiments et autres souvenirs.


 Je sais. "Souvenirs" t'agace. Mon passé t’écœure, je t’écœure. Que je puisse encore écrire, t'est peut-être désormais totalement étranger. De toute manière, écrire quoi ? Tu étais mon inspiration. Toi et ton foutu caractère.

 Ce foutu caractère. Le tien. Ses défauts. Ses grandes qualités.

 Je ne sais plus écrire les sentiments, je ne sais plus lier les émotions comme je le faisais avant.
Avec mon travail, j'ai pourtant changé de rythme de vie. Je lis, là où avant je jouais majoritairement, j'essaye de retrouver ce que je n'ai plus.

 Et à chaque fois. J'en reviens au même point.

Mais... Voilà. Je te lis, encore. Alors que cela ne me concerne sûrement plus du tout.

Tu me manques.


 C'est beau d'avoir une armure, mais je le paye désormais tellement. J'aurais dû m'ouvrir davantage. J'aurais dû sûrement écouter davantage. Je fais face, toujours un genou au sol, je me dis que chaque coup que je parerais sera le dernier, jusqu'à ce que le suivant me rappelle qu'il n'y a pas de fin dans ce genre de cas. J’espère des accalmies, encore et encore.
 Des moments où, les souvenirs ne reviennent pas. Des instants où, le silence reprend un règne serein dans ma caboche. Et bien, ces instants et moments. Ils sont discrets. Autant que les pas d'un chat. Ils sont espacés, bien trop espacés.

 Mais bon. Bien que je ne "sois pas là, pour être ici",  voilà, les souvenirs sont là, encore et encore.
C'est brouillon encore. Et encore.
Pour dire vrai, je ne sais pas si, de toute manière, l'ordre importe d'une façon quelconque ici...

 Bref, bon courage à toi, à te lire, j'ai l'impression que même si un "bon courage" ce n'est rien, et bien, tu as l'air de surmonter à nouveau une étape non pas sans difficulté..

 A la prochaine.