lundi 3 mars 2014

Les plaines de Lune


 C'est sur cette plaine argentée, que le vent soufflait, sans jamais s'estomper.
La crinière dans la brise, le loup rôde, il se laisse guider, parmi les fleurs parfumées.
 Sous ses pas, elles se courbent mais ne rompent pas, elles se redressent,
Oubliant la marche silencieuse de l'animal, l'interprétant comme une simple caresse.

 Au loin, le soleil timide frappait de ses rayons l'orée d'une forêt endormie,
Un tapis de feuilles, qui murmurait quelques chants oubliés, quelques brimades,
Comme si la sylve se plaignait, dans un ultime râle, par le biais de toutes les dryades,
 Chassant à l'aide de toutes les racines, le mal qui la rongeait, ce discret ennemi.

Le poison coulant dans ses veines, comme une incurable peine,
 L'infini combat de cet être perdu, pourchassant sa propre ombre,
Ce paria, inébranlable, inépuisable, guidé par son incontrôlable haine,
 Traquant sa proie, au gré du vent, se faufilant entre chaque zone sombre.


 Le rythme se rompt, la symphonie lumineuse se tait. Le vent s'est apaisé et deux silhouettes dansent dans une clairière. Le temps s'est lui aussi arrêté. Seule la frénésie des fétiches animent les bois.
  Dans des habits aux couleurs de l’automne, ils embrasent les feuilles mortes sous leurs mouvements déstructurés. Eux-mêmes guidés par une folie joviale, illuminés par la chaleur de quelques rayons de soleil frappant ce bosquet.

 Leur danse se stoppa. Leurs yeux se figèrent. Une forme majestueuse, presque brutale s’immisça dans la clairière. Les ombres disparurent. La parure boisée d'un cerf gigantesque apparut. Les fétiches restèrent immobiles, le roi de la foret, dont les pas faisait verdir l'herbe transperçait la folie de ces lieux. Sa fierté avait terni les rayons du soleil jusqu'à présent omniprésent dans le bosquet. Le cerf avançait, comme si la danse folle des deux esprits de la forêt lui était indifférente. Derrière lui, les fleurs poussaient, les oiseaux s'amassaient sur ses bois, le calme des bois chantait. Mais sa marche lente n'était qu'une mélodie dont on a censuré la symphonie.

 Loin de là, un éclat d'argent tout aussi grand courait, à en perdre haleine. Le vent soufflait en sa faveur, le poussant au delà des canyons et des précipices, lui faisant dévaler pentes et monts. La nuit courait avec lui, les étoiles éclairaient sa course effrénée, tel une lame, il s'enfonçait à travers les fourrées les plus épaisses comme si celles ci n'existaient pas. Les ruisseaux lui murmuraient la direction de la forêt. Ses yeux bleus ne le trompaient jamais, il le voyait, cet animal majestueux, maître des forêts, avec qui il allait s'entretenir, son museau décelait de plus en plus l'odeur des fleurs fraîchement écloses, ses oreilles entendait cette mélodie sourde. Les montagnes le soulevaient.