samedi 9 mai 2015

Désert de poussières.



M'y voilà enfin. Je touche le fond de cette abysse de noirceur que j'ai réussi à créer faisant face à la plus belle lumière de l'univers.


J'étais le roi d'un désert. Un désert de chagrin, de peur, de colère, de mensonge. De moquerie, d'humiliation. Chaque jour, chaque nuit, chaque fraction de temps où je peux fermer les yeux. Je le sens.


Je sens mes mains difformes s'introduire dans ce sable gris, je le sens couler entre mes griffes. Son frottement contre ma peau détruite, sa chute anormalement lente, dans chacun de ses mouvements il me parle. Cependant, ce sable n'est pas celui des autres, mais bel et bien le mien. Le monologue d'un muet parlant a un sourd. Le Roi de la noirceur, qui ne sait pas rendre heureux.


Voilà ce que je suis. Et pourtant. Toi. Soleil d'Or, je sais que tu as pourtant tout fait pour me tendre la main. Pour me donner cet échappatoire. Je ne le méritais pas. Je ne te méritais pas. Cet enfant des rêves, qui voulait se baigner dans la lumière, cet enfant innocent. Je l'ai tué alors que lui seul pouvait contribuer à mon bien.


Récemment, je ne pouvais plus supporter de prolonger mes journées dans cet enfer que j'ai moi-même engendré. J'ai tout essayé pour au moins te revoir. Me baigner dans ta lumière. Dans ton sourire. Dans tes mots. Dans tes rêves. Dans tes projets. En écoutant tes sentiments. Et en caressant ta peau. J'avais surmonté cette pente vertigineuse. Pour une fois. Je n'avais pas renoncé face a mes tords. J'ai merdé. Plusieurs fois. Trop de fois. Je suis insupportable, mais plus "L'insupportable", j'étais quelqu'un grâce à toi. Mais grace a moi. Voila où j'en suis retombé.


Je suis tombé des étoiles. M'ecrasant lourdement dans ce désert. A nouveau. Dans ce paysage vide. Dans cette abysse sans fond. Mes dents pourpres sont livides. Plus rien ne semble me paraître délectable. Mes griffes ne se planteront plus jamais dans du solide. Je suis devenu mon pire ennemi. En devenant le tien..


Mon masque pèse une tonne. Il est empli de tout ce qui pourrait me tenir debout. Mais finalement. Il ne s'agit quand même que d'un simple fardeau. Une entité parasite. Qui me fait suffoquer. Je me retrouve a nouveau dans cette pièce blanche, au plus profond de mon désert. Je me vois face a ce masque, que j'ai rendu aussi ignoble que moi. Me désignant du doigt cette falaise qui a subi une érosion fatale. Emplissant cet océan de sentiments, de roches sombres, créant un remous effervescent et infini.


Je vois ce masque qui rit de moi. Qui rit d'avoir obtenu cette perte, ma propre perte. Quelle stupidité. Quel esprit colérique renoncerait soi-même a son équilibre ?


Je me retrouve donc là. Assis en tailleur au sommet du rocher s'élevant le plus haut dans mon désert. Surplombant cette étendue, toute aussi glaciale que vide. Je sens cette brise hurlante sifflant à chaque fois qu'elle entre contact ne serait-ce qu'avec un grain de sable. Les emportant, sans destination possible, mais leur promettant un voyage sans retour.


Moi aussi, j'aimerais être balayé par cette brise. Tandis que les deux seuls mots qui me viennent en tête, sont ceux qui ont toujours su me sentir autre qu'un fantôme dans son désert. J'aimerais que tu les lises. Mais je comprendrais que rien ne leur donne une quelconque once de valeur.


Je t'aime.

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