samedi 21 avril 2012

Hurlements justes.


 Trop longtemps enfermée. Mon existence fut oubliée des peuples. Autrefois, mon nom résonnait partout sur Terre. J'étais la crainte de certains, l'alliée d'autres.


 Mes pieds avaient foulé des déserts de glace, mes yeux avaient survécu aux flammes brumeuses. J'étais acclamé par les peuples furieux. Détesté des gouvernements trop gourmands de pouvoir. Ma vie fut scellée, enterrée six pieds sous terre.

 Cependant... La Terre gronda. La plante frêle venait à l'aide de ses racines, d'atteindre la goutte d'eau nécessaire à sa croissance. J'étais une idée, faible, immature. J'allais devenir des luttes acharnées, des pierres jetées. Les mains pleines de sueurs allaient me brandir. Je serais leur arme une fois de plus. Mon nom était brandi sur les étendards de la Justice, de l’Équité.

 Quelque part... J'existais en chacun de nous tous. Ma voix soulevait les foules, comme un séisme soulève les océans. J'étais cette flamme d'espoir qui coulait en chacun de nous. Elle consumait l'injustice, fournissant des ailes aux cul-de-jatte, des yeux aux aveugles et des bras aux manchots. J'étais ce hurlement de fureur qui avait un jour marqué de sang et de haine les rues pavées des métropoles. Je me logeais dans les affiches de propagande jusque dans les pages des ouvrages libres.

 Ma main faisait crier le vent dans les cités, poussant les peuples à abattre leur malheur sur les reptiles, cachés sous leur pierre. Ma voix, l'harmonie des coeurs, détruisait les édifices faits de mensonges et de promesses. Mes idées, telles des vagues tranchantes, tranchaient les murs de béton. Je prenais part de tous ceux qui croyaient en moi.

 Sous Terre, je m'agitais. Le sol tremblait près de moi, les chants de guerre se mélangeaient à la famine. Les fourches et les faux sifflaient sous les nuages de colère. Sans être près de mes armées, je commandais leurs combats. Leur affrontement était le mien. Je serais leur volonté, leurs mains, leurs coeurs, s'il le fallait.

 Face à moi, les boucliers s'alignaient, les armes se pointaient. Comme face à du bétail contaminé, les flammes de la répression abattaient mes enfants, décimaient mes rangs. J'insufflais le courage à mes troupes. Mon âme brûlait les pavés projetés. Je ne faisais qu'un avec la Justice, j'étais la Justice !

 Je la serais toujours. Mes étendards tachés de mots et de larmes ouvraient les nuages. Le soleil réchauffait leurs voix. Le vent les poussait à surmonter leur peur.

 Moi, Révolution, suis fière de contempler encore... Mes enfants luttant pour leurs Droits...



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