Loin
du hurlement houleux des peuples humains, loin de toutes ces
civilisations bétonnées... Deux diamants scintillent sous la Lune.
La stature fine d'un Dieu brille sur le versant d'une montagne, son
courroux et son mépris lui ont donné un pelage agressif et argenté.
L'Homme lui a offert des pierres au bout de ses griffes brillantes.
Ce lapidaire émerveillé, ce fou passionné, tailla les montagnes et
dévora la Terre pour lui donner ces joyaux lumineux.
La
bête, dont le souffle chaud balaye les pics, voit encore les peuples
meurtriers lapider ses semblables. Son hurlement passe où ceux de
tous les hommes trépassent. Il est fier en haut de sa montagne,
malgré la douleur qu'il subit, malgré ce fardeau qu'il transporte,
à chercher désespérément ces joyaux si brillants. Sa liberté, sa
course effrénée. De ses grands yeux luisants, couleur vert
émeraude, il traque le lapidaire qui lui inculqua cette envie
matérielle.
Ce
loup assoiffé de vengeance, parcourt tous les sols du Monde, il se
faufile entre les corps humains, traversant les différentes essences
féminines, il se glisse, tapi dans ce brouhaha incessant. Ses yeux
immenses et cristallins, scrutent les poignets et les cous de ces
êtres dressés. Il y voit les mêmes poignards qui avaient servi à
massacrer ses frères et soeurs, les mêmes que le lapidaire, lui
avait incrusté dans la chair. Ce poison d'or coulant dans les
veines, qui ronge et dissout la volonté de tous, remplaçant la
liberté par des chaînes en argent massif, contraignantes et
éreintantes, il rêve de les déchiqueter de ses crocs brillants.
Sa
rage, il la traîne comme un boulet, comme un assassin garde sa dague
à sa ceinture. La bête argentée avait quitté sa montagne blanche
comme la nacre, errante dans un désert immobile. Laissant un vent
glacial pétrifier la végétation sous son passage. Son souffle
d'espoir, ses crocs de diamants acérés, son pelage hérissé,
l'animal terrifiant s'introduisait dans nos cultures malsaines.
Il
faisait face au lapidaire qui inonda les canyons désertiques de
rivière de rubis. Des rubis pourpre comme le sang qui servit d'outil
aux pioches et aux esclavagistes. Cet animal fier et solitaire comme
le soleil, libre comme le vent, avait perdu ses proches, lapidés par
des pierres brillantes et brûlantes comme le crachat des volcans. Sa
haine dorée, son regard froid comme l'ambre, le loup furieux
s'approchait du lapidaire. Qui de ses doigts crochus, avait perverti
les peuples humains, les faisant rêver de posséder des diamants
tachés par le sang et les larmes.
Cette
nuit-là, le loup regagna sa montagne, il pleura une dernière fois
les joyaux éternels qu'il vît dans le ciel nocturne. Sa fourrure se
tacha de rubis, ses yeux s'emplirent de diamants. Son âme, endurcie
comme un cristal poli, maudit à jamais le lapidaire, qui incrusta de
lampadaires minuscules notre volonté, désormais assoiffée de
lapis.
Le
hurlement frappa une dernière fois la crainte des habitants des
montagnes, entendant de leurs maisons, le râle d'un Dieu
s'éteignant, tué par les balles d'or...
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