lundi 16 avril 2012

Mes tympans dévorés...


 Mes oreilles n'en peuvent plus. Je me couche tous les soirs, dans cette nuée d'insectes. Ils bourdonnent dans ma tête. Ce sont les cris du désespoir, les appels de nos âmes. Ce charivari, ce char d'avaries, qui détruit nos rêves, qui coule notre espoir dans un océan empli de bruits infectes. Le hurlement des civilisations, dans leurs illusions de béton et de briques.
 Leurs voix résonnent. J'en suis un spectateur, un acteur, je n'en entends plus mon propre cri. Dans l'affolement, nous sommes tous des oiseaux, qui s'envolent devant l'arrivée d'un danger, poussant nos râles, affolés, éperdus.  Nous survivons dans un brouhaha, qui s'est formé d'un milliard de plaintes, de larmes. Nous sommes tous, l'enfant courant, qui dans sa chute, se blesse, et ne cesse d'hurler. Nous avons empli l'atmosphère de notre rage, de notre tristesse.
 Les mains sur les oreilles, je me frappe aux quatre coins de cette pièce, cette migraine me déchire de l'intérieur.  Je veux que l'on me tende la main, comme tous les autres. Nous sommes abandonnés sur les bords d'une route, où le souffle des vainqueurs nous repousse de plus en plus vers le fossé. Laissant derrière eux, les sons des gagnants.
 Leurs sifflements se distinguent, ils ne se confondent pas avec le reste, ils ne sont pas acteurs de notre charivari. Nous nous traînons, tant bien que mal, pour rejoindre ce sentier glorieux, nos soupirs sont désagréables, nous sommes une brise sèche, qui cherche à se faufiler dans les feuilles opaques des forêts d'arbres d'or. Encore une fois, hurler nous fait perdre notre souffle, nous retombons dans les tapis caduques couleur orangeâtre. Les mains gelées, le regard tremblant, notre voix reste la seule à se rétablir.

 Qui viendra nous relever ? L'être dont les pas créent une mélodie astrale, celui derrière qui la lumière scintille, qui illumine le ciel. Un hurleur masqué, qui dévore le brouhaha. Il sait parler, il saura nous apprendre à terrasser ce charivari désordonné. Lui nous relèvera. Nous sortirons la tête de cette fumée sonique. Nous verrons au dessus des cimes. Et c'est à cet instant, que nos voix, ne seront plus un désordre invisible, mais une arme renversant nos classeurs en béton, dans lesquels on nous entasse, pour que nos hurlements soient concentrés.

 Ce charivari, n'était pas injustifié, ni composé d'éléments nocifs... Seulement, nous étions des millions à hurler la même chose, dans une confusion immense. Comme une nuée d'insectes, nous exprimions la même plainte et le même sentiment. Mais, dans cette incoordination... Nos pleurs se sont envolés aux cieux. Et les étoiles, seules spectatrices de notre déchéance, n'ont pas su trouver les larmes de diamants, qui viendraient nous conforter.

 Sous la pluie torrentielle, à genoux sous le poids des gouttes d'eau coupantes, mes tympans hurlant face au charivari de la percussion des larmes célestes, mon corps s'effondre, je mourrais dans ce bruit, qui m'englobait avec le crachin.

 Ô bruit céleste, ô hurlement de nos âmes. Nos corps animés, ne font que se déplacer d'un charivari à l'autre... Ne vas tu pas un jour, cesser de nous malmener ?

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