lundi 23 avril 2012

A mains liées...


 Je me souviens de nos jeunes années. Imprudentes, impudentes, joueuses et gourmandes. Où nous nous étendions dans les champs de coquelicot, éclairés par le sourire argenté de la Lune. Le vent tiède transportait le pollen léger des fleurs multicolores. Nous respirions ce parfum délicieux.


 Tête contre tête, main dans la main. Lèvres contre lèvres. Mes rêves sont les tiens... Nous partageons tout... Je dérobe l'air de ton ciel, tu voles les étoiles de mes yeux... Nous vivrons ainsi si il le faut. Tel un vent de sable allant se marier avec les vagues d'un océan de bonheur. Nous mourrons sur cette falaise main dans la main, face à ce coucher de soleil, aux couleurs de l'arc-en-ciel.


 Je t'avais passé l'anneau au doigt. On m'avait donné le fusil à l'épaule. La guerre faisait rage. Tout autant que j'étais ce soldat dans sa tranchée. J'entendais les obus siffler près de moi. La boue venait s'écraser sur mon visage. Je ne voulais pas faire la guerre. J'étais trop jeune. Chaque soir lorsque les éclairs de plomb cessaient, je m'allongeais sur cette colline illuminée des étoiles que nous avions créé. Je continuais d'entendre ta voix. Et je savais que ce parfum, qui dans le ciel voguait, était celui de ton cou. A dix milles lieux l'un de l'autre, nous communiquions, nous partagions encore.

 Ce partage... Nous l'avions voulu, plus ou moins inconsciemment. C'était un pacte qui nous tiendra toujours l'un et l'autre... Près de l'autre...


 Nous étions deux âmes vivantes et follement aimantes. Seulement. Un rubis traversa ma peau. Transperça mon coeur. Je ne voulais pas y croire. Mon souffle me quittait. Mes yeux se fermaient sur cette bague brillante, couverte de la honte des hommes, de leur haine et de leur violence.

 Je sais quelle est ma dernière volonté. Je veux que dans le ciel, mes étoiles brillent au-dessus de ta demeure. Ton regard orienté vers le ciel sera notre éternel partage...


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